Sur les Terres Baltiques de l’Est, 793 de l’an,
Un Homme du Nord et un du Sud se rencontrant,
Différents par leurs régions et par leurs croyances,
À pas lent, l’un vers l’autre, doucement, s’avance.
Le Nordique entama d’une voix forte, ces propos :
« Que me vaut ta venue en cette terre de Wicklow ?
Si tu accostes pour mes biens, n’y songes même pas,
Ou que la fureur d’Odin s’abatte sur moi ! »
Le Sudiste, au teint bien plus foncé,
Répondit d’une voix forte accentuée :
« Point, Cher Nordique Païen,
En paix et pour Dieu, ici, je viens. »
Hache en main, le blond répliqua fort :
« Nul besoin de toi, par la foudre de Thor !
Quel est ce Dieu étrange que tu évoques ?
Car tes mots provoqueront le Ragnarök ! »
Le Sudiste, avec véhémence, déclare :
« Rome veut quérir les terres barbares,
Au nom du Dieu Unique et de ces Apôtres,
Vos biens seront bientôt les nôtres.
Vous contribuez au Blasphème,
Par vos Dieux et vos Totems,
Ainsi que vos terres scandinaves,
Et vos apostats comme esclaves. »
Le Nordique que la hache démange,
Répondit à l’autre, d’une voix étrange :
« Que tu viennes de Rome ou de Paris,
Je jure que le Sud, par les Valkyries,
Périra par les flammes de Muspellheim,
Et par la main de Thridi, le troisième ! »
Le combat continua jusqu’au soleil couchant,
Comme un sourd et un muet, se parlant,
Et puisque aucun ne se mit d’accord,
Le Nord et le Sud tombèrent sous l’effort.
Car leurs Dieux n’ont pas le même nom,
Ils imposent l’un à l’autre leurs religions,
Au lieu d’échanger leurs idées et cultures,
Les deux Hommes préfèrent ce qui les rassurent,
Et parce que leur combat perdura en vain,
Qu’ils en oublièrent que chacun était Humains,
Lorsque rougit du sang les plages de sable,
Telle sera la fin et la morale de cette Fable.