Résumé : J’aime raconter des histoires. Des histoires passées. Des histoires au présent. Et des histoires qui ne se sont pas encore passées. Comme celle-ci, tirée d’une histoire, pas encore, vraie. Mélangeant amitié, humour, combats, péripéties et… Mystères…
Car, depuis notre dernière virée en Sibérie, plus rien n’est comme avant…
(Note : Ne donnez jamais carte blanche aux Russes pour jouer avec votre cerveau…)
Souviens-toi de nous
Avril 2025 :
Jem m’en veut à mort.
Jem ? C’est mon meilleur, et seul, ami.
Il a le même âge que moi : la trentaine.
Mais, depuis la Russie, il râle sans cesse.
Nous sommes revenus de Sibérie, par l’Orient Express, il y a quelques semaines à peine. Nous avons posé nos sacs dans le géant Hôtel Hilton à Paris, près de l’aéroport Charles de Gaulle.
Ne me demandez pas comment Jem arrive à payer un truc pareil, moi-même, je l’ignore. Mais il tenait absolument à cet Hôtel, en ce mois d’Avril.
Pourquoi ? Aucune idée.
J’écris en Français, mais je parle Anglais avec Jem. Il vient de Londres. Ses parents sont morts lorsqu’il était petit et, pour échapper à l’orphelinat, il a préféré errer dans les rues de la capitale pour dépouiller les pauvres touristes insouciants.
Il use de ses trucs et astuces, et de son charme Britannique, pour nous faire passer de frontières en frontières. C’est comme ça que je l’ai rencontré. En 2023, à Belfast.
Enfin, c’est ce qu’il m’a dit.
Je le crois.
Car, depuis la Russie, je ne me souviens de rien.
Apparemment, c’était le but : effacer ma mémoire.
Avant cela, j’ai rempli et griffonné un carnet entier que j’ai donné à Jem. Un notebook bleu marine avec, sur la couverture, un logo étrange que je ne saurais décrire. Je n’ai pas le droit de l’ouvrir. Ordre de moi… à moi.
.
C’était un samedi matin et le self de luxe commençait à se remplir. J’ai pris une énorme tasse de café au lait en m’asseyant en face de mon ami, qui lisait un papier griffonné. Je portais un genre de robe noire, ample, avec un leggings serré et des grosses chaussures sombres. Jem avait un jean couleur nuit et une chemise pourpre, ses cheveux blonds étaient sempiternellement en bataille et ses yeux bleus rehaussaient son teint pâle.
Il semblait de mauvaise humeur alors, toujours en Anglais, je lui ai demandé :
– Quand est-ce qu’on repart sur la route ?
Il a soufflé en levant les yeux au ciel :
– Déjà fait… J’arrive pas à croire que tu ne te souviennes même pas de Constanța ! On aurait dû le faire avant ta foutue lobotomie en Russie !
Je n’ai rien compris.
– De quoi ?!
Il a encore râlé, en maugréant :
– Toi qui voulais danser sur la Mer Noire…
Puis, sur sa gauche, un groupe de personnes s’est approché de nous et Jem a commencé à sourire, en lâchant :
– Enfin ! Showtime !
Encore une fois, je n’ai rien compris.
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Quatre femmes de tout âge se sont dirigées vers nous. L’une d’elles, avec des cheveux d’une couleur flamboyante, a souri en s’écriant, en Français cette fois-ci, mais ponctué d’un étrange accent :
– Alisone ! Mon Dieu, ça fait si longtemps !
Perdue, j’ai regardé tantôt la dame, tantôt Jem, puis encore la dame. J’ai demandé, en Français, du coup :
– Pardon ? On se connaît ?
Jem a grogné. Et la femme semblait perdue à son tour.
– Alisone, c’est moi !
Qui ça ?
Jem m’a lancé un regard noir en maugréant, en Anglais :
– Merci ta lobotomie, n’est-ce pas ?
Je lui ai rendu son regard noir.
La dame ne s’offusqua pas, et questionna à nouveau :
– Tu es là pour la Convention ?
– La quoi ?
Jem s’est mis à sourire. Il ne comprenait pas très bien le Français, mais juste assez pour se foutre de moi.
– Alisone, la Convention SPN, bien sûr !
Décidément, je ne comprenais rien du tout.
Et Jem pouffait de rire.
– Hum… Non, je suis désolée, je ne connais aucune Convention, nous sommes ici juste pour quelques nuits.
Sur ce, Jem posa le papier qu’il tenait en mains depuis le début et je pus voir, à l’envers qu’il s’agissait d’un planning.
Le groupe des quatre personnes s’installa à notre table. La dame sympathique s’assit à côté de moi, en me murmurant :
– Toutes mes condoléances, au fait.
Hein ?!
Nom de Dieu, la Russie…
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Je switchais tantôt en Anglais avec Jem qui boudait encore, tantôt en Français avec les filles autour de moi. Qui, apparemment, me connaissaient, mais dont j’ignorais totalement les noms.
Elles parlaient principalement de cette fameuse ‘Convention’. Et Jem me donna une enveloppe kraft que j’ouvris. Elle contenait des tickets ‘V.I.P’ et le groupe, en voyant cela, fit les gros yeux avec outrage.
Pourquoi ? Outrage à quoi ?
Personnellement, je m’en fichais un peu. J’ai dit à Jem, en Anglais :
– Tu ne m’as pas demandé mon avis avant de prendre ça ?
– Tu ne m’as pas demandé mon avis avant la Russie ?
OK. Je vois.
– Jem, je devais le faire ! Tu sais que je devais le faire ! C’est pour ça que j’ai écrit mon carnet et que je te l’ai confié !
– Super ! J’ai ton cerveau dans mon sac ! Youpi ! Les Russes ont effacé tes souvenirs, et tu ne sais même plus comment, ni pourquoi, tu parles Russe, Roumain, Anglais ET Irlandais !
– Je parle Irlandais ? Classe.
Je souris.
Lui non.
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La dame aux cheveux rubis m’a réexpliqué le concept des Conventions. Un concept absolument malsain et frauduleux, mais dont les fans sont friands.
Quelle horreur.
Et Jem avait des tickets pour ça ?!
Il boudait toujours, le nez dans ses papiers, les filles parlaient en faisant des grands gestes, surexcitées de la journée à venir. Elles portaient toutes des vêtements très étranges avec des phrases et des symboles magiques dessus, ainsi qu’une voiture vintage.
OK, pourquoi pas.
Puis, tout bascula en quelques secondes…
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Huit hommes entièrement vêtus de noirs avec des cagoules sur la tête ont pris d’assaut le Hall de l’Hôtel ainsi que la cafétéria, en vociférant contre tout le monde.
Je comprenais ce qu’ils disaient, parce qu’ils parlaient Russe, mais les gens dans le self ont juste paniqué en levant les mains en signe de reddition, cherchant les Agents de Sécurités des yeux.
Assommés dans un coin du Hall.
Jem a sursauté, puis s’est tourné vers moi en me lançant son regard sombre et menaçant dont lui seul avait le secret.
Mais quoi ? Qu’est-ce que j’ai fait encore ?!
Puis, il me fit un signe de tête que je compris de suite. Sous la table, il gardait précieusement son sac brun rempli… D’armes télescopiques.
Alors que les Russes continuaient à gueuler comme eux seuls savaient si bien le faire, j’ai sauté sur ma chaise, pour atterrir sur la table, puis enfin de l’autre côté, près des terroristes.
Même si mes souvenirs étaient inexistants, il me restait encore la mémoire de mes apprentissages aux combats, que j’utilisai facilement contre les attaquants. Dans un ballet de coups et de violences sans nom, je m’amusais à dégommer les crétins en noirs et Jem en profita pour sortir l’arc télescopique du sac avec quelques flèches. Une fois près de lui, il jeta l’arme vers moi, qui atterrit parfaitement dans mes bras. Ma main gauche agrippa avec aisance une flèche que je lâchai sans gêne dans les genoux des ennemis. Il nous fallait encore éviter les balles et protéger les civils, mais notre duo de choc fonctionna dans une parfaite symbiose. Presque magique.
Honnêtement, s’il me restait une once de souvenirs pour vous donner une référence, je l’aurais écrite avec plaisir. Mais là, je fais avec ce que je peux. Pas grand-chose, donc.
Jem, quant à lui, tenait fermement une matraque qu’il utilisa avec grâce sur les Russes. Brisant leurs os dans des ‘cracks’ très sonores.
Je tirai ma sixième flèche dans le pied d’un homme cagoulé, lorsque Jem hurla au milieu de ce bordel :
– Alors, ça fait quoi d’oublier que ton propre père t’a appris à tirer à l’arc ?!
– Fuck you !
Sans déconner, il me soûlait avec ça.
Cela dit… J’ai effectivement oublié que mon père m’a appris à tirer à l’arc.
En fait…
Bah… J’ai oublié mon père, aussi.
Et tous les autres.
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Une fois le dernier Russe à terre, hurlant à l’agonie, Jem s’est ramené vers moi, plus en colère que jamais :
– Bordel de merde, pourquoi ils sont là, eux ?! T’as oublié de payer ta putain de lobotomie ?
J’ai souri malgré moi :
– Mais je n’ai pas payé ma lobotomie.
Oups…
Oh merde…
Jem m’a regardé avec des yeux ronds comme des fichues soucoupes volantes. Commençant à comprendre :
– DE QUOI ?!
Foutue pour foutue, j’ai expliqué :
– T’imagines même pas le prix de ce truc qui est, désormais, illégal. Non, je n’ai rien payé et en contrepartie, ils ont utilisé mon cerveau pour tester des trucs. Mais bon, tout va bien !
Je haussais les épaules pour paraître OK avec ça.
Mais Jem devint tout rouge.
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Pendant que je récupérai mes flèches ensanglantées dans les jambes des ennemis, Jem hurlait sur moi des trucs abracadabrants, toujours en Anglais :
– TU T’ES FAITE BRAINWASHED PAR DES RUSSES !!! Nom de Dieu, tu comptais être la nouvelle Bucky Barnes ?!
Hein ?
Je me suis tournée vers lui, mine interloquée :
– Who the Hell is Bucky ?
Jem s’est jeté sur moi avec énervement.
Encore.
.
Pendant que Jem hurlait sans s’arrêter et sans même respirer, les ‘otages’ se sont relevés en essuyant leurs larmes. Des nouveaux Agents de Sécurités sont arrivés pour menotter les terroristes. J’essuyai mes flèches avec une nappe que j’ai récupéré sur une table, pendant que mon ami criait encore :
– … TOUT ÇA ! Ton carnet est rempli de fichus Triggers que tu souhaitais enlever de ton pauvre crâne ! OK ! Je comprends ! Mais permettre aux Ruskov de jouer avec ton cerveau, c’est complètement con ! Si ça se trouve, ils ont mis d’autre Triggers dans ton CRÉTIN de crâne !
– N’importe quoi !
– Et pourquoi pas ?!
La dame aux cheveux couleur feu s’est avancé vers nous, en demandant :
– Si je peux me permettre… ?
– NON !
La réponse était sortie de ma bouche et de celle de Jem en même temps.
Après ça, le silence.
Un silence pesant.
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Un Agent est venu vers nous avec les cartes d’identité récupérées sur les terroristes. Il ne comprenait pas ce qu’il lisait. Tout était en Russe.
J’ai pris les cartes en main en lisant et traduisant le tout à Jem.
Mon ami a mauvaisement souri, en lâchant :
– Eh bien, maintenant nous sommes sûrs que les Russes en avaient après nous. Ou plutôt, toi. Ils ont utilisé une référence évidente pour ça, avec ces faux papiers. Pour attirer ton attention.
En effet, toutes les cartes étaient au MÊME nom, qui ne sonnait absolument pas Russe, d’ailleurs. Mais je ne comprenais pas la référence. J’ai levé ma tête vers Jem, en questionnant, perdue :
– Who the Hell is Sebastian Stan ?
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THE END
(Or… Not ?)
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