Je suis nĂ©e dans le Gers, dans le Sud-Ouest de la France. Lorsque j’ai eu 23 ans, j’ai dĂ©mĂ©nagĂ© Ă Nice, dans le Sud-Est, pour mes Ă©tudes. J’ai amĂ©nagĂ© dans un appartement et j’ai adoptĂ© un Bouledogue Français.
Ma sĆur, mon pĂšre et moi partageons la mĂȘme passion des feux d’artifices. DĂšs que l’occasion se prĂ©sente, on part en voir un quelque part. Et Ă Nice, je suis gĂątĂ©e ! Entre le Nouvel An, le Carnaval de Mars, le 14 Juillet et le 15 AoĂ»t, les feux d’artifices sont magnifiques ! Une beautĂ© sur la mer, Ă voir depuis la plage. Un jour, j’y suis allĂ©e avec mon chien, mais il a eu trop peur tout du long. J’Ă©tais sur la plage avec lui et il a tremblĂ© dans mes bras durant tout le feu.
Les fois suivantes, j’y suis donc retournĂ©e seule ou avec des amis. Trois Ă quatre fois par an. En me mettant plus ou moins au mĂȘme endroit : Au-dessus de la plage sur ce qu’on appelle la « Prom » soit : La Promenade des Anglais.
Puis, un jour d’Avril, aprĂšs le Carnaval, ma sĆur (au tĂ©lĂ©phone, car elle vit Ă Toulouse) me fait dĂ©couvrir une nouvelle sĂ©rie TV de plusieurs saisons. Elle me vend le concept et je regarde donc la sĂ©rie. Je tombe amoureuse de l’histoire et je tombe sous le charme d’un des acteurs de cette sĂ©rie. Nous parlons beaucoup de ça lorsque, quelques semaines plus tard, je dĂ©couvre qu’il y a une Convention de fans de cette mĂȘme sĂ©rie Ă Toulouse ! LĂ oĂč ma sĆur rĂ©side.
Ni une, ni deux, nous dĂ©cidons d’acheter nos Pass pour rencontrer les acteurs/actrices, avoir des autographes et faire des photos avec eux. Mon personnage prĂ©fĂ©rĂ© Ă©tait invitĂ© donc j’Ă©tais super contente !
Chose Ă savoir : presque personne ne savait que je partais de Nice pour aller dans le Gers. Je ne voulais dire Ă personne que j’allais Ă cette Convention de peur de recevoir des moqueries. Donc mes rĂ©seaux sociaux ne m’ont pas localisĂ© Ă Toulouse. Les gens me croyaient encore Ă Nice…
Comme il me faut 9h de route, toute seule avec mon chien, dans ma voiture pour rouler de Nice jusqu’au Gers, je dĂ©cide de bloquer une semaine de congĂ© au travail et me voilĂ arrivĂ© Ă Toulouse.
La Convention se dĂ©roulait le samedi et dimanche 9 et 10 Juillet et c’Ă©tait top ! J’ai rencontrĂ© mon acteur prĂ©fĂ©rĂ©, j’ai pu parler avec lui, et mĂȘme danser avec lui lors de la soirĂ©e de l’horreur !
Puis, je suis restée chez ma grand-mÚre dans le Gers.
Je m’Ă©tais rendu compte, dans les dates, que j’allais manquer le feu d’artifice du Jeudi 14 Juillet Ă Nice, car il Ă©tait prĂ©vu que je reprenne la route le Vendredi 15 Juillet dĂšs 5h du matin (pour Ă©viter les bouchons).
J’Ă©tais dĂ©goĂ»tĂ©, car c’Ă©tait la premiĂšre fois depuis des annĂ©es que je manquais un feu d’artifice Ă Nice et il n’y en avait pas dans le Gers. Ma grand-mĂšre habite en pleine campagne, alors je me suis couchĂ©e trĂšs tĂŽt ce soir-lĂ , avec mon chien, car je devais me lever Ă 4h du matin pour me prĂ©parer et partir pour mes 9h de route.
Sauf que…
Aux alentours de minuit, mon tĂ©lĂ©phone portable (sous mon oreiller) a commencĂ© Ă sonner. Je n’ai pas rĂ©pondu, car je devais vraiment dormir avant de prendre la route. (Je suis seule Ă conduire, je ne peux pas ĂȘtre fatiguĂ©e au volant !)
Les appels ont continuĂ© encore et encore, ainsi que plusieurs sms. Mon portable sonnait dans tous les sens et j’en pouvais plus. J’ai rĂ©pondu Ă un appel, en Ă©tant complĂštement groggy et Ă moitiĂ© endormi. La personne au bout du fil (une amie) me parlait en hurlant et en paniquant :
« Ali ! OĂč es-tu ?! Qu’est-ce qu’il s’est passĂ© ?! Est-ce que tu vas bien?! »
Je n’ai rien compris et j’ai lu les sms qui me demandaient TOUS la mĂȘme chose :
« ALI ! Réponds ! Par pitié, ne me dis pas que tu es sur la Prom ! »
Puis, j’ai compris et mon cĆur s’est arrĂȘtĂ©…
Pendant 1h j’ai dĂ» rĂ©pondre Ă tous les appels et sms. J’ai rĂ©veillĂ© ma grand-mĂšre en pleurant. Le soir du 14 Juillet 2016, Ă Nice, sur la Promenade des Anglais, il venait d’y avoir un attentat terroriste.
Un poids lourd, conduit par un terroriste, a roulé sur 2km de la Promenade en fauchant et tuant tout le monde sur son passage.
Ă l’endroit exact oĂč j’allais regarder les feux d’artifice tous les ans.
SAUF cette année-là .
AprĂšs avoir passĂ© 1h Ă rĂ©pondre Ă tout le monde, j’ai ensuite passĂ© 1h Ă tĂ©lĂ©phoner moi-mĂȘme Ă mes amis de Nice pour savoir oĂč ils Ă©taient. Deux d’entre eux Ă©taient prĂ©sents lors de l’attentat, mais ils ont pu se rĂ©fugier dans un Bar du Cours Saleya.
Je suis revenue à Nice, le Vendredi 15 Juillet, dans une ville déserte, silencieuse et en deuil.
Si je n’avais pas Ă©tĂ© Ă la Convention Ă Toulouse pour rencontrer mon acteur prĂ©fĂ©rĂ©, je me serais retrouvĂ© au milieu de la Promenade des Anglais, au moment du drame…
Je suis retournĂ©e Ă cette mĂȘme Convention l’annĂ©e d’aprĂšs, en 2017, et je n’ai plus jamais regardĂ© de feu d’artifice Ă Nice…
AprĂšs ça, je me suis ‘enfuie’ au Parc Alpha pour voir des Loups, avec une amie Ă moi qui Ă©tait sur la Promenade des Anglais au moment des attentats et qui a survĂ©cu.
Aujourd’hui, j’ai 32 ans et je vis en Irlande !
Mais je pense toujours Ă ce qui aurait pu se passer si j’Ă©tais restĂ© Ă Nice ce jour-lĂ …
PoĂšme, Ă©crit par moi-mĂȘme, en hommage :
Je ne voulais plus Ă©crire d’autre poĂšme,
Mais Nice est ma maison et je l’aime,
Alors pour ce triste et horrible feu d’artifice,
Gantez de noir les mains des agents de Police.
SoirĂ©e sanglante pour notre belle Prom’,
La Baie des Anges, selon les Hommes,
FunÚbre journée pour la French Riviera,
Et pour la France, son 3Ăšme attentat…
ArrĂȘtez le temps et rĂ©pondez aux appels,
Allumez une bougie et priez notre Ciel,
Lorsque commence la saturation de réseau,
C’est qu’arrive dĂ©sormais l’Apocalypse 2.0.
SĆur, toi qui corriges et lis ceci,
Tu sais pourquoi, je te remercie,
Pour ceux qui n’ont pas eu ma chance,
Pour vous tous, je pleure en silence.
Criez ensemble « M’en bati sieu Nissart »
Pour faire chier tous ces lĂąches et connards,
En deuil est maintenant la CĂŽte d’Azur,
Et le sol pavé de leurs meurtrissures.
Mais le combat ne fait que commencer,
Aujourd’hui et tous les mois de l’annĂ©e,
Tous ensemble, nous formons la résistance,
Pour aider le pays mais aussi la Provence.
Jusqu’Ă quand devrons-nous chanter notre chanson ?
Quoi qu’il en soit, Nice reste et restera ma maison…
Juillet 2016
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